Voilà quelques une des 8 nouvelles de ce livre:
Janua Vera, de l'auteur Jean-Philippe Jaworski.
D'une écriture cisellée, détaillée, parfois incisive, toujours fascinante, il nous relate des histoires diverses se passant toutes dans un même monde tournant autour d'une période plus ou moins moyennageuse. Si le monde est le même, rien n'est vraiment précisé; on retrouve des repères géographique à chaque récit, mais le temps lui n'est jamais le même et plusieurs siècles sont visités.
Extrait :
J'avais tué le voïvode Bela. J'avais survécu à Kaellsbruck. J'avais porté la main sur le Podestat. Ils étaient rares, les hommes qui pouvaient se vanter d'avoir commis des crimes ou des exploits comparables. Après tout, même si je sortais du ruisseau, même si je crevais de trouille, je n'en représentait pas moins une sorte d'aristocrate de la crapule. Il me fallait réagir en tant que tel. Il me fallait réagir ! Et ce fut ainsi, dans la pénombre humide qui sentait la vieille pierre et la moisissure, avec un nœud d'angoisse et de morbidité lové au fond du cœur, que je finis par me forger une détermination nouvelle. Je retrouvai ma lucidité acerbe, mon sens des affaires, ma carapace d'égoïsme. Je retrouvai mon audace calculée, ma moralité biaisée, ma ténacité rageuse. Je retrouvai Benvenuto Gesufal.
Ce bouquin de quelques 500 pages me tient compagnie depuis le début de l'été, se lit petit à petit à chaque fois avec gourmandise, lentement, en revenant en arrière, en feuilletant, en goûtant à chaque tournure de phrase, chaque présentation, chaque description. Je ne connaissais pas, acheté sur un coup de tête. Et je recommande chaudement à ceux qui aiment les livres un peu noirs, un peu réalistes, et beaucoup épiques.