[Archive - Event] La fuite de Jack

[ Voici, comme le raconteront les bardes et les légendes, l'histoire de la fuite d'un homme. Il s'est passé déjà bien du temps et les mémoires commencent à en oublier le souvenir. Mais ces événements ont eu des répercussions sur ce monde, et nul ne devrait oublier que les Terres du nord, elles aussi, ont un protecteur: Achérus! Maudit soit celui qui ose encore les mettre en doute. Car ils se sont engagés par leur parole, ils sont unis, ils s'entraident. Entendez donc comment les chevaliers ont affirmé leur suprématie sur leurs terres. ]

[ Event inter faction du 24 février 2011 ]



Funeste jour, qui vît s’affronter des combattants vaillants et déterminés, chacun assuré de lutter pour le droit et la justice. Ce soir là, la justice eût son quota de sang, de peine et de tristesse. Combien de ces hommes et de ces femmes sont restés à terre, ne voyant jamais l’aube ? La justice est aveugle, dit-on. Elle est aussi sans pitié.

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Menethil. Les Paluns. A la tombée de la nuit, le cavalier s’est mis en marche, cachant son regard sous une lourde capuche de maille. Il avance aussi vite que le terrain boueux le lui permet, pressé d’arriver au nord, là où, il le sait, ses alliés l’attendent. Arrivé à l’embranchement rejoignant la grande route, il marque un temps d’arrêt, scrute l’horizon. Il lui semble voir, entendre, quelque chose qui n’a pas l’heur de lui plaire. Il lance sa monture au trot, glissant sur la mousse et les rochers humides, manquant à chaque pas de se retrouver à terre. Mais heureusement… Quelle intuition providentielle lui a fait ainsi prendre une fuite précipitée, sauvant ainsi de précieuses secondes ? A peine a-t-il quitté le carrefour qu’ils arrivent, les premiers éclaireurs menant ses poursuivants. Ils savaient où le trouver, et quand… L’information passe rapidement parmi le commandement des gens à ses trousses. Comme un seul homme, ils éperonnent leurs montures pour le rattraper, l’arrêter, lui faire enfin subir le juste châtiment de ses crimes. L’exaltation marque leurs traits, enfin la traque arrive à sa fin ! Ce soir, la justice des hommes aura à nouveau vaincu.

Il a entendu les rumeurs de la poursuite ; se retournant sur sa selle il peut désormais les voir se rapprocher à chaque instant. Sa monture n’est pas aussi rapide, pas aussi agile que les vifs chevaux des hommes derrière lui. Il perd du terrain. Usant de toute sa dextérité, il force son destrier à augmenter l’allure, plus vite, encore plus vite… Au loin, par delà la colline, le pont commence à se découvrir sur le ciel nocturne, éclairé par la lune. Presque une ruine, il ne reste plus rien de la splendeur du viaduc de Thandol. Juste un monument de pierres et de chaînes rouillées qui défie le temps depuis une éternité. Son but. Quelques mètres encore. Pour un peu, il pourrait sentir dans son dos le souffle des chevaux de ses ennemis. Descendant la pente qui mène au tablier du pont, il ne peut s’empêcher une exclamation ravie. Ils sont bien au rendez vous !



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Le corbeau a amené son message à temps. Donnant les ultimes ordres, le seigneur Ralkezäd prend la tête de la compagnie préparée pour l’occasion. Faisant jouer ses alliances, il peut compter sur une vingtaine de guerriers aguerris, prêts à en découdre, en plus de ses chevaliers. Campés non loin du pont depuis deux jours, la troupe se met en branle à travers la plaine d’Arathi et ne tarde pas à arriver sur le surplomb de la route traversant les grandes étendues herbeuses. Ils sont au pied des tours surplombant la gorge de Thandol bien à l’avance et prennent position sans se presser, plaisantant et discutant joyeusement entre eux. Un peu à l’écart, les ayant vu arriver de loin, les deux chevaliers de l’alliance présents sous la bannière d’Acherus restent discrètement à l’écarts, voyant d’un œil méfiant ce rassemblements hétéroclites d’alliés de leurs ordre. La Horde. Voilà ce que le seigneur Ralkezäd a amené pour aider un des leurs. Calmes Tauren, sombres Réprouvés, Trolls vicieux, Orcs massifs et frêles Sindorei… Tous ne sont là que pour respecter un serment, mais combien, si leurs chefs le leur permettait, se feraient une joie de s’en prendre aux deux chevaliers appartenant à une faction habituellement ennemie ?
La fragile alliance des peuples sous la bannière du nord est hautement inhabituelle, mais preuve vivante d’une entente commune face à une cause. Et, pour les chevaliers de l’alliance, cette cause n’est rien d’autre que leur chef et maître, l’homme connu sous le nom de Jack Campillo. Devant répondre de crimes dont il s’est accusé à tort, celui-ci cherche à se placer sous la protection d’Acherus, et Acherus a juré d’aider un de ses fondateurs. Ainsi, tous, en ce soir paisible, attendent la venue de l’homme.



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Réprimant une exclamation de joie, l’homme pousse sa monture au-delà de ses forces pour rejoindre ses alliés et se placer sous leur protection. Il était temps, à peine quelques secondes et il aurait été rejoint par la compagnie de plus de vingt soldats formés de la Garde et des Croisés à ses trousses. Il peut clairement entendre les jurons et les cris s’élever dans son dos lorsqu’ils se voient frustrés de leur proie et confrontés à cette réception inattendue. Ce n’est pas prévu à leur programme…
Derrière la ligne formée par la horde, Jack et les chevaliers se saluent solennellement. Le seigneur Ralkezäd lui fait part du plaisir à le revoir, mais pas autant que la Draenei et la Kaldorei qui sont soudain soulagées du poids de l’attente et des regards lourds que certains leur lancent. Sur le pont, à quelques mètres à peine, l’alliance trépigne sur place, hésitante sur la suite à donner. Bientôt, des ordres retentissent et les soldats se mettent en position de défense, profitant des lieux pour placer des éclaireurs en hauteur. Une fois la surprise passée et se donnant quelques minutes pour s’observer mutuellement, les commandements respectifs s’avancent pour parlementer.



Seigneur Ralkezäd : Halte !!! Que faites-vous ici en armes et équipés comme à la guerre ? Ignorez-vous que nous avons pouvoir de Haute et de Basse Justice sur ces Terres du Nord ? Que votre irruption en si grand nombre peut être perçu comme un geste hostile ? A présent, répondez !

Prédicateur Gabriél : Nous sommes ici pour récupérer un fugitif, Chevalier de la mort. Ecartez vous et vos vies seront épargnées. Vous n’avez aucun droit de vous opposer à la justice et à l’inquisition !

Ralkezäd : Quel fugitif mérite une telle équipée ? De quel crime est-il accusé ?

Gabriél : Cette misérable créature qu’est Jàck Campillo a commis des actes contre nature. Des expériences infâmes qui vont à l’encontre de tout principe. De plus, il m’a personnellement pris en otage pour s’évader !

Ralkezäd : C’est donc à un Haut Dignitaire de l’Ordre que vous en avez ? En avez-vous seulement référés à nos instances avant de décider de rendre une justice unilatérale et arbitraire ?

Une chape de plomb pèse soudainement sur les deux groupes. Chacun, à ce moment, sent la tension entre les commandants et les menaces qui planent sous couverts de diplomatie. Le seigneur Ralkezäd et ses chefs de guerre regardent ostensiblement les positions hautes prises par les soldats alliés. Puis il reprend, d’une voix assurée et lourde de sous entendus.

Ralkezäd : Si vous voulez que les pourparlers continuent, que vos combattants reculent derrière leurs représentants !

Tandis que l’ordre de repli est donné, le Prédicateur continue sa diatribe, prudemment pris à part par un des ses officiers qui lui conseille alors de se replier lui aussi derrière les troupes, sentant sans doute que la situation devient explosive. Mais il ne bouge pas.

Gabriél : La justice de l’inquisition et celle de l’Alliance n’ont pas à se référer à vous pour appliquer ce qui lui revient de droit.

Ralkezäd : C’est donc ce que vous pensez ? Est-ce là tout le respect du droit de la guerre et de la souveraineté de l’Ordre des Chevaliers d’Acherus ?

Gabriél : Vous avez le verbe haut, Chevalier d’Acherus. Mais vous ne proposez pas grand-chose… Qu’est-ce que vous proposez ?!

On entend fuser des cris et des ordres de combat. « Gardes Impériaux ! En formation ! Préparez vous ! ». Les soldats sont prêts au pire. Parmi eux, la noble Vélina, haute prêtresse et femme du commandant de la garde, Frankisk, a un cri du cœur qui se retrouve noyé dans le tumulte ambiant. Sans aucun doute, il passe inaperçu, même du principal intéressé.

Vélina : Jàck, mon ami, j’en appelle à votre bon sens. Regardez ce qu’il risque de se passer… êtes vous sûr de vouloir qu’on aboutisse à tout ça ?!

Tentant de se faire entendre par-dessus l’agitation qui gagne les troupes, y compris celles de la horde protégeant Jàck et les Chevaliers, les dernière tentatives de diplomaties sont lancées par le seigneur Ralkezäd, vaines et futiles paroles de paix.

Ralkezäd : Je propose de ne point faire couler le sang ! Je propose de laisser Sire Campillo aller en Achérus, où il sera jugé par un tribunal composé des vôtres et des nôtres, afin de garantir l’équité et la justice qui sera rendue ! Que dites-vous de cela ?

Gabriél : Proposition généreuse... mais insuffisante…

Ralkezäd : C’est pourtant l’offre équitable de l’Ordre des Chevaliers d’Acherus ! Si elle ne vous contente pas, malgré son caractère équitable, alors nous croiseront le fer, pour les plus grandes peines de part et d’autre !

Le vent amène la réponse. Les troupes de l’Alliance crient leur envie de bataille et de mort. « L’heure de la charge a sonné ! » « Affûtez vos lames ! » « Gloire au premier qui mourra ! ». Nulle concession, nul accord pouvant empêcher l’acier de parler ne semble plus être envisageable. Voyant la tournure des événements, parmi les Chevaliers, la retraite s’organise rapidement.

Ralkezäd : Vous avez entendu l’ennemi ? Ce sera… la GUERRE !!! Que les nôtres s‘apprêtent ! Nous allons prendre place sur le champ de bataille selon l’ordre de combat convenu !

D’un seul mouvement préparé, la meute de la horde et les chevaliers parmi eux font alors volte face et s’éloignent rapidement du pont pour traverser la rivière en contrebas, et se rassembler dans la plaine. Après un moment de stupeur parmi l’Alliance, l’ordre de les suivre fuse et, après quelques minutes qui paraissent une éternité aux yeux des participants, les deux fronts se font face, les lames s’entrechoquent, les boucliers se lèvent, les livres de prières s’ouvrent. Nul ne peut plus empêcher la violente confrontation qui s’annonce.

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« Alyae ? Faralith ? Préparez vous à reculer. » Les trois chevaliers de l’Alliance ont suivis avec inquiétude les pourparler du seigneur de l’Ordre et du Prédicateur. Désormais, ils savent que la justice des hommes n’est prête à aucune concession et ils vont devoir profiter du chaos de la bataille pour s’enfuir en direction de la nécropole de l’Ordre, où ils seront hors d’atteinte. Se mêlant à la cohue du déplacement dans la plaine, ils disparaissent tous trois du regard des soldats. Peu après, au bas d’une pente douce menant à la plaine, ils sont rejoints par plusieurs chevaliers et par le seigneur Ralkezäd.

Ralkezäd : Jàck… Si la bataille devait mal tourner… fuyez, et sauvez-vous. Alyae et Faralith vous aideront de toute leur âme, je l’espère.

Quelques salutations respectueuses en guise d’adieux. Voilà tout ce qui se passa, comme si de rien n’était, comme si il n’y avait pas le vol de la mort au dessus de leur tête. Elle devait se délecter du spectacle, comme à chaque fois. Comme un éternel recommencement. Avant la fin de la nuit, elle aurait son dû.



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La rumeur de la bataille, amplifiée par les parois rocheuses, arrive à leurs oreilles tandis qu’ils s’éloignent. Déjà la route, puis le Refuge de l’Ornière, le carrefour... Le tunnel menant aux Hinterlands se rapproche à chaque pas. Nulle parole. Nul besoin de parler. Pour sauver un seul des leurs, combien périront ? Qui a raison ? Chacun est certain de détenir la vérité et la justice. Sa vérité, sa justice.



Personne, aucune embuscade n’empêche les trois cavaliers de traverser Arathi, d’arriver aux profondes forêts de pins des Hinterlands puis de monter à travers un étroit passage pour rejoindre le passage des Maleterres. « Tiens, ils ont réhabilité le chemin, il n’y avait pas ces planches… » Paroles futiles pour se décharger de la tension qui les écrase. Souvenir du temps de l’asservissement, aussi, comme à chaque fois qu’il reviennent dans la région. « Avons-nous raison ? Pourquoi tout ça ? Ne peuvent-ils pas raisonner autrement que par les armes ? » Ironie du sort, les Chevaliers désormais prônent la paix aux autres peuples. « Pour avoir la paix, il faut souvent la guerre. » Ces sombres paroles vont se perdre parmi le fracas du torrent qui forme un dévidoir naturel au lac Darrowmere. Le trajet continue sans autres mots. La pluie s’est invitée dès l’arrivée aux Hinterlands et ne cesse pas, comme un muet reproche. Encore combien de morts par leurs mains, pour leurs idéaux ? Faut-il toujours plus de sang sur leurs lames pour se faire comprendre, pour s’imposer ?
Enfin, l’obscure silhouette de la nécropole se dessine à l’horizon, par delà les montagnes des Maleterres. L’odeur de la pourriture est encore bien présente dans la région et les créatures du fléau rôdent dans les sous bois plantés d’arbres squelettiques. Evitant les campements des Croisés d’Argent, les cavaliers remontent au nord est jusqu’au corridor souterrain vers Acherus, s’ouvrant un passage parmi les goules et les sectateurs à grands coups d’épées et de pouvoirs maudits. Enfin, le téléporteur amenant à l’intérieur de la nécropole est en vue au milieu des restes dévastés de ce qui était un camp du fléau. Leur camp. Plus qu’un instant, Jàck et son escorte sont désormais à l’abri.



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L’Ordre d’Acherus a triomphé sur le champ de bataille. La meute de la horde a bien fait ce qu’on attendait d’elle. Ils ont contribués à affermir la position de l’Ordre sur les Terres du Nord, dénouement nécessaire suite à l'échec de Lune d'Argent. Mais à quel prix… Combien de vies fauchées, de familles détruites ? Quand donc en ce monde les peuples sauront mettre de côté leurs haines et leurs rancoeurs pour travailler main dans la main ? Sans doute jamais. Et tant que cela durera, l’Ordre et ses Chevaliers feront couler le sang pour le respect de leurs principes, tant que cela sera nécessaire.

Pour Acherus !