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    Lyanne, guerrière, puis chamane

    Aéllys
    Aéllys
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    Lyanne, guerrière, puis chamane Empty Lyanne, guerrière, puis chamane

    Message par Aéllys Mar 14 Fév 2012 - 23:59

    Bon, après avoir posté l'histoire d'un enième reroll sur Kirin Tor (cf Dame Ethaine), et bien voilà... J'en ai fait un côté alliance, en fait, avant de reprendre le DK. Sauf que là j'ai eu une fichue difficulté à trouver une idée. Une chaman, une classe que je voulais tester, mais hors de question de faire une naine, imaginez... J'ai tenté, pourtant, mais non. Rien à faire. Va pour une Draenei, sauf que j'en ai déjà deux, et que les Rp Draenei, c'est dur de pas faire cliché. Sont toutes canon, parfaites, gentilles... Ou bien alors... Et PAF. Le texte m'est venu comme ça. Je viens de finir, celui-là j'ai un peu mal à le relire de suite, mais quelque part il me touche assez pour avoir envie de le partager. Et puis je l'ai écrit pour ça x_x




    Lyanne, guerrière, puis chamane Lyanne10
    La plaine de Nagrand est baignée de la vive lumière des soleils de Draenor en cette belle après-midi de la saison chaude. Le bruit sourd des chutes résonne dans la vallée, concurrencé par les chants des oiseaux et les bourdonnements des insectes qui volent à mes oreilles. Penchée sur le bord d’un vaste ruisseau en contrebas des chutes, sur une eau pure et limpide, j’admire le reflet qu’elle me renvoie ; celui d’une Draenei souriante, aux lèvres bien dessinées, à la peau d’un bleu très clair pareil à un ciel d’été, au regard de vif argent. Je lève une main et repousse une mèche de longs cheveux d’un violet sombre derrière la naissance de la corne droite. Elles sont, chez moi, très large, partant sur les côtés et légèrement torsadées. Il paraît que j’impressionne les hommes avec mes cornes imposantes et ma carrure d’athlète, musclée, bien dessinée mais néanmoins féminine. Ce jour-là il fait exceptionnellement beau et j’en profite.
     
    « Lyly… Lyly ! »
     
    L’eau se trouble comme si la terre venait de trembler, des cercles concentriques se forment à sa surface. Je fronce les sourcils devant mon reflet déformé, mouvant.
     
    « Lyly ! Ils arrivent ! »
     
    Le reflet s’évanouit dans le néant et je me réveille. « Ils arrivent ! » Elle répète jusqu’à ce que je bouge. Les dernières volutes du rêve se dissipent aussitôt. Enfin ! Je me lève, je suis lasse et je m’étends longuement. Le sommeil achève de me quitter tandis que je revêts mon armure bronze et or, que je ceins à ma ceinture les deux épées bénies par les prêtres. Je ressens sur mon corps fatigué le poids de l’équipement et je me secoue pour ne plus y penser. Je sors de la tente installée sur une large avenue perpendiculaire à la grande place, écarte un des pans de la porte et lève la main pour m’abriter de la lumière soudaine. Les soleils sont hauts, ça doit être la fin de la matinée. Le ciel est brumeux, d’un brun orangé chargé de poussière sablonneuse. J’entends les cris et les ordres, vois le remue-ménage de la ville sur le branle-bas de combat. Marchant vers un seau, je me contente de m’asperger la figure d’eau plus vraiment très fraîche. Ca suffira. D’un geste, je repousse en arrière la toison de mes cheveux et les attache d’un lien de cuir pour ne pas être gênée dans mes mouvements. Je suis contente que l’attente prenne fin mais aussi terriblement angoissée de ce qui va advenir. L’ennemi qui marche sur nous est impitoyable et a décidé de nous exterminer sans même que nous sachions pourquoi, après des années de paix partagée. Je fais partie du dernier rempart, volontaire, prête à me sacrifier pour sauver ce qui reste de mon peuple. Je vais certainement mourir ce soir, ou demain, j’ai beau en être fière, la peur me noue les tripes et je ne peux rien faire contre. J’observe un moment l’agitation autour de moi puis, d’un pas rapide, je rejoins les murailles où celle qui est venue me réveiller m’attend déjà. Une amie, une sœur d’arme. Elle aussi fait partie de ma compagnie. En me voyant arriver, elle me désigne un endroit dans le lointain d’une main qui ne tremble pas. « Là. » Je plisse les yeux pour m’accoutumer à la réverbération du soleil sur les plaines devenues arides. Et je vois. Un nuage de poussière s’élève dans le ciel sur une largeur telle qu'il semble s'étendre sur des kilomètres. Toutes les troupes ennemies doivent être là, réunies pour l’assaut final sur la dernière de nos villes fortifiées, notre capitale, Shatrath. Elles sont loin encore, mais au soir elles seront en vue de la ville et ce sera la curée. Des hordes d’orcs sanguinaires, accompagnées de clans d'ogres stupides, de démons sortis d’on ne sait où et de machines de guerres arriérées, mais dangereusement efficaces, menés par des chefs sans pitiés et ne comptant pas leurs pertes. Nos frères et sœurs des autres cités n’ont eu aucune chance. A peine quelques dizaines, peut être une centaine de rescapés de tout le pays ont réussis à nous rejoindre. Nous devons être quelques centaines de survivants, peut être un millier en comptant les colonnes de réfugiés, principalement des femmes et des enfants, des nobles lettrés et leur escorte de guerriers qui ont déjà pris la route et dont nous sommes chargés de couvrir la fuite, le temps qu’ils soient assez loin et que leurs traces soient effacées. Nous devons gagner du temps, nous devons leur faire penser que nous étions les derniers pour que notre race ait une chance, infime, de rejoindre un abri sûr au-delà des territoires orcs, au plus profond des forêts putrides de champignons géants du marais de Zangar.
     
    Les deux soleils meurent lentement au-delà des montagnes en peignant l’horizon de toutes les nuances de rouge, d’orange et de jaune possibles et imaginables.  C’est un magnifique crépuscule, de ceux dont les artistes tireraient des toiles inoubliables. Mais ce soir, personne n’a à cœur d’admirer le ciel ; nos regards sont rivés sur la plaine où s’étendent les troupes ennemies sur des milliers de mètres carrés. Vociférant des ordres gutturaux, hurlant leur haine, ils ont poussés leurs batteries d’appareils de guerre devant nos murs. Ils ont accéléré leur allure, en rangs plus ou moins ordonnés, n’évitant le parfait désordre que grâce à la main de fer de leurs chefs qui les tiennent comme des chiens enragés qu’on a mis en laisse, attendant de voir passer le gibier pour les lâcher à ses trousses. Ils savent qu'ils sont supérieurs en nombre et en arme et que nous n’avons aucune chance. Nous le savons aussi et l’excitation de la bataille à venir s’est mêlée à la peur, le fait de savoir que nous sommes à un contre 100 ne nous rend que plus fort, plus déterminés que jamais. Le grand prophète pleurait en quittant cette ville, après avoir enlacé et bénis chacun de ceux qu'il laissait derrière lui. Nous allons leur faire payer cher ces larmes. Mes mains viennent serrer les poignées de mes épées et je les sors de leurs fourreau, prêtes à servir. Un filet de sueur vient couler le long de ma joue, la chaleur lourde de la soirée, sans une once de vent, ajoute une moiteur pénible à l’attente. Ils avancent au pas de course, toujours plus près des murs. Soudain, un claquement brutal s’entend au loin, un sifflement déchire l’air et la muraille semble trembler toute entière, faisant tomber des débris en contrebas. Un gigantesque bloc de pierre vient de la frapper de plein fouet. Comme si ils n’attendaient que ça, la horde d’orcs et d'ogres se rue d’un seul élan à l’assaut de la ville, brandissant haches et armes hérissées de piques, meuglant de toutes leurs forces leur envie de sang. Les premiers tombent, nos pointes d’arbalètes fichés en pleine tête, en pleine poitrine, traversant leurs rudimentaires armures sans aucune peine. Mais à peine sont-ils à terre qu’ils se font piétiner par les suivants qui viennent les remplacer, encore et encore, tel un flot ininterrompu de gueules rugissantes. Les catapultes ne cessent de nous envoyer leurs projectiles, pilonnant nos murs, s’écrasant en aveugle dans la cité, projetant autour d’eux sable et sang quand ils touchent des guerriers. En un instant, la scène si paisible de cette fin de journée s’est muée en un décor d’horreur. Les hurlements et les râles d’agonies répondent aux claquements des arbalètes, aux explosions des rocs contre les murailles. La porte tremble un peu plus à chaque instant, sous la poussée du grand bélier qu'ils ont amenés pour la forcer. Chacun de ses coups fait pleuvoir des débris de son bois sur les défenseurs qui tentent de la maintenir. Nous sommes débordés par le nombre. Leurs tours viennent s’amarrer sur nos murailles, déversant un nouveau flot d’orcs aux visages sombres, peints de motifs guerriers, rouge et vert, babines retroussés en un rictus de triomphe. Mes lames tourbillonnent, s’enfoncent là où elles peuvent, tantôt mou, tantôt dur, lançant des gerbes d’étincelles quand elles rencontrent en réponse l’acier de leurs armes. J’oublie ma peur, j’oublie l’angoisse et tout raisonnement sensé tandis que je suis portée par la seule exultation du combat, tous les sens en alerte pour ma survie immédiate. Autour de moi, je vois mes compagnons tomber, d’autres viennent en courant parer à leur mort, criant pour se donner du courage, rendant chaque coup au centuple. La porte tient encore, la muraille est encore debout, nous les retenons, pour combien de temps ?
     
    Le premier des élémentaires vient chuter au centre de la grande place dans une gerbe de sable et de pavés, puis se relève et étend sa forme humanoïde dans un grésillement magique, entouré d’un halo verdâtre. Obéissant aveuglément à ses ordres, il se met aussitôt à foncer dans le tas, frappant, écrasant tout ce qui passe à sa portée. Le second vient rebondir sur la muraille, à 20 mètres de moi à peine, avant de tomber dans l’enceinte. Soudain, une clameur s’élève dans les rangs ennemis. La porte vient de céder en même temps que la muraille et laisse déferler la horde écumante dans notre ville. Une onde de dépit m’envahit, je serre les lèvres pour ne pas hurler ma rage tandis que mon regard se tourne vers le bas de la muraille et que je vois sans pouvoir rien y faire mes frères et mes sœurs débordés par les orcs. Ceux-ci tombent sous les coups, s'empalent sur les barricades en avançant comme des furies, sans aucune précaution, aucune peur, aucune retenue, comme si ils n'avaient pas conscience du danger mortel. Et c'est peut être le cas, à voir le regard halluciné de l'orc que je vient d'égorger et dont je repousse le corps dans le vide d'un coup de pied. Je n'ai pas le temps d'y réfléchir car les adversaires ne cessent d'arriver, encore et encore, à peine a-t-on la possibilité de se mouvoir en haut des murailles. La bataille fait rage ici, en bas, dans les rues et les maisons mais pour un orc mort, dix arrivent derrière. Et les rangs des défenseurs de la ville sont décimés par le nombre.

    Du sang s'écoule de mon front, poisseux, chaud, je dois m'essuyer le visage d'un revers de la main pour dégager ma vue brouillée, juste à temps pour éviter le choc d'une énorme masse qui s'abat à l'endroit exact où je me trouvais. Un coup d'épée en travers sous le genou de mon adversaire le fais chuter à terre dans un hurlement de fureur qui se termine en un gargouillis répugnant lorsque mon épée lui traverse la gorge. Je n'ai pas le temps d'achever mon geste qu'un sifflement aigu vient percer mes tympans, j'ai à peine le temps de lever la tête pour voir la pierre arriver droit sur moi. Tout autour, certains ont perçu la menace et cherchent à l'éviter en se jetant du haut du mur, en bousculant d'autres au passage à grands coups d'épées et de haches, réagissant par instincts. Tout ça ne dure que quelques secondes, interminables, je sais que je n'ai pas le temps de sauter, de me réfugier ailleurs, et pourquoi faire ? Par réflexe, je lève mes mains devant mon visage. Le choc est terrible. La pierre semble éclater en heurtant la muraille, partout des blocs et des éclats volent, certains m'atteignent en plein, le sol tremble, la créature démoniaque se relève des ruines de la muraille, je sens un souffle froid, puis chaud, j'entends le grésillement magique, j'ai l'impression que des flammes s'enroulent autour de mes mains, se déroulent le long de mes bras en venant lécher mon visage, je n'ai pas mal, je n'entend plus rien, je sens le sol se dérober sous mes pieds et je tombe, je roule parmi les rochers, j'ai l'impression de n'être plus qu'un pantin de tissu et de rebondir à l'infini, balloté en tout sens. Et puis je perd connaissance avant d'avoir touché le sol, loin, très loin en contrebas.

    L'obscurité. Et le silence. Ce sont les deux choses qui me frappent avant tout. Et puis soudain une idée s'impose à mon esprit : je suis vivante. Ou alors l'après vie a une sale odeur de sang, de merde et de brûlé. Tout d'abord je ne sens plus rien, le temps que ma conscience se fraye un chemin parmi les limbes où elle s'était réfugiée, puis à mesure que je me rend compte que je suis réellement vivante, tout mon corps se réveille, les sensations se décuplent et je maudit bientôt le fait d'avoir survécu. Je suis incapable de faire le moindre geste, tout mon corps semble être pris dans une gangue de douleur qui lui interdit le plus infime mouvement. A chaque respiration, j'ai l'impression que ma poitrine va éclater, l'air est lourd, rance, mais je le cherche comme un poisson hors de l'eau, à petites aspirations sifflantes, chaque infime mouvement de mon corps meurtri est comme un coup de poignard. Des taches blanches viennent voler devant mon regard et je retombe dans l'inconscience. J'en aurai applaudi.

    Des heures ? Des jours ? Je n'ai aucune idée du temps qui a passé quant je me réveille à nouveau. Cette fois, la douleur est immédiate. J'en hurlerais, mais une brutale pensée me renvoie l'images des orcs et je me mord la lèvre jusqu'au sang. Des larmes coulent le long de mes joues, tandis qu'un spasme parcourt mon corps, me confirmant que je suis bien vivante. Après un moment qui me parait une éternité, repoussant une violente envie de vomir et des nausées, j'arrive à me calmer assez pour pouvoir objectivement faire le point de ma situation. Je suis enfouie sous ce qui doit être le résultat de l'éboulement de la muraille, sous un pan de paroi qui est tombé presque à plat et m'a suffisamment protégée pour m'éviter d'être complètement écrasée. J'ai une jambe bloquée sous un amas de rochers, formant un angle étrange. Le haut de mon corps et mes bras sont libres de se mouvoir dans un espace haut d'environ 70 centimètre et large de 2 mètres. En tournant à peine la tête, j’aperçois les rayons du soleil qui frappent le sol à quelques dizaines de centimètre de mon visage, venus d'un endroit que je ne vois pas, plus haut. Je ne vois que d'un oeil, le gauche, le droit me donne l'impression d'être pris dans une masse cotonneuse, enflé et fermé. Je ne suis pas enterrée très profondément. C'est toujours ça à prendre. Je tente de me redresser, mais le résultat est tellement violent qu'il me faut plusieurs minutes pour stopper les sanglots que la douleur a provoqué. J'ignore si j'ai des blessures internes. Je table sur le fait que je suis encore en vie pour me persuader que non.

    La nuit passe et j'enrage intérieurement contre le destin qui m'a gratifié d'une lente agonie dans un trou puant. Au matin, à force de m'invectiver sur mon incapacité à réagir, j'ai réussi à me tourner sur le côté. J'apprivoise lentement la douleur qui s'est transformé en une amie tenace et constante, irradiait sans cesse dans chaque fibre de mon être et m'interdisant de réfléchir clairement. S'ajoute à cela la soif qui me tiraille dans cette atmosphère surchauffée où ma sueur s'évapore avant même de former des gouttes. Si je reste une journée de plus là dedans, je crains de ne pas y survivre. Cette seule idée me pousse à ignorer mon corps qui demande grâce à chaque nouveau mouvement. A force de volonté, je peut atteindre ma jambe. En plus d'être brisée, elle est bloquée contre un rocher ; à travers le brouillard de mon esprit, je fini par me rendre compte que c'est une coulée de sable et de terre qui la retient bien plus que le rocher. Je suis trop épuisée pour constater qu'il s'agit d'un pur miracle et commence furieusement à gratter la terre pour tenter de la dégager. Très vite, j'ai les mains en sang mais je continue, encore et encore, toute mes pensées tournées vers ce simple but : creuser. Je deviens un rat fouisseur. Je repousse la terre sableuse sur le côté et je me met de longues minutes à me rendre compte qu'un dernier effort me permet de retirer ma jambe de sa prison. Je suis libre, mais l'effort demandé me laisse vidée de toute force. Je me vois mourir seule, de soif et d'épuisement. J'accepte cette idée avant qu'un sursaut de ma conscience me jette en pleine figure la stupidité de la situation. Je n'ai pas fait tout ça pour abandonner avant d'avoir tout tenté. J'ai dû retomber dans un état comateux car la lumière décline. Je me sens vraiment très mal, la tête me tourne, j'ai des vertiges, des nausées, et j'ai tellement mal partout que je commence à ne plus rien sentir. Je me mord la langue de toute la force qu'il me reste et avale le sang de ma blessure. C'est idiot, mais c'est tout ce que j'ai. C'est plus morte que vive et poussée par un instinct de survie que je ne me connaissais pas que j'avance sur les coudes jusqu'à l'endroit où la lumière éclaire mon trou et je lève la tête. D'abord je ne vois rien, aveuglée, puis peu à peu mon regard se réhabitue à la clarté extérieur et je distingue une sorte de conduit à travers les rochers en équilibre précaire. La coulée de débris est venue s'arrêter sur des arbres qui ont laissés des passages à travers l'éboulis. Le bloc sous lequel je suis est lui aussi en équilibre sur un tronc massif. Écartant les restes de branches et de rochers, je commence ma lente reptation plus ou moins à l'horizontale, suivant un des troncs protecteurs.

    Dehors. Je suis dehors et je suis vivante. J'ai oublié un instant le danger des Orcs, des ogres et de tout ce qui peut patrouiller aux alentours, mais quant je regarde autour de moi, je ne vois rien. Rien d'autre que des centaines de corps déjà en décomposition, de la terre rouge, des machines de guerres abandonnées un peu partout, des restes de créatures dont la puanteur me retourne le coeur. Je vomis de la bile, tremblante, sans pouvoir m'arrêter. C'est bête. Je me déshydrate encore avec ça. C'est fou les pensées qu'on peut avoir quant on est en train de mourir... C'est l'esprit tourmenté par ce genre de pensée que je continue ma reptation vers un coin de forêt plus épargné que le reste, aux arbres brûlés et desséchés. Ma jambe cassée traine derrière moi, inutile, les pierres raclent ce qui reste de l'armure dont je n'ai pas réussi à me dévêtir, je dois fréquemment stopper pour calmer une envie de vomir encore, mais je n'ai plus rien à vider. J'ai entendu un son qui me galvanise, plus loin sous le couvert très incertain des arbres. Un bruit, une musique, qui me fait repousser la mort encore quelques minutes. Un ruisseau. Un des nombreux ruisseaux sortant de Shatrath pour aller se perdre dans la forêt de Terrokar. Mon seul espoir de survie. L'eau est sale, boueuse, aux relents âcres de sang et de brûlé, mais c'est la meilleure eau que j'aie jamais bue, à ce moment là. Je plonge la tête dedans, crachant, toussant, voulant avaler trop et trop vite. Je passe des heures vers le ruisseau, à boire entre deux phases d'inconsciences. Je revis.

    J'ai abandonné sous un fourré ce qui restait de mon armure, trop abîmée pour me servir. Mon corps n'est plus qu'une seule et unique plaie. Je me suis lavée et le contact de l'eau a empiré mon état. Après le choc et l'espoir, les brûlures se sont réveillées. Mes mains et mon avant bras droit, mon visage, là où les flammes de la créature de pierre sont venues se poser me provoquent des sensations de brûlures intenses, alors qu'aucune chaleur n'en émane. La peau ne pèle pas, elle semble se dessécher, devenue grise. Mon oeil droit refuse de s'ouvrir, toujours gonflé. La lassitude et la faim seules m'empêchent de me laisser aller. Je ne me rend plus compte de la gravité de mon état. J'ai fait une attelle de fortune pour ma jambe afin de l'immobiliser un maximum. J'ai cru tourner de l'oeil en serrant les lianes qui la maintienne. Toute la nuit, j'ai entendu des cris et des appel venant de la ville, poussés par des gorges qui n'étaient pas Draeneis. Je me demande si il y a d'autres survivants de la bataille et j'imagine ces pourritures d'orcs prendre possession de tout ce qui nous était cher. J'en aurais pleuré si j'avais encore des larmes à perdre. Je me suis mise en route avant le lever du jour, refusant encore à mon corps le repos qu'il réclame à hauts cris. J'ai déterrés des racines et attrapé des insectes pour me nourrir, j'aurais mangé n'importe quoi, mais ma langue gonflée, ma bouche blessée, rendent terriblement pénible le fait d'avaler quoique ce soit. J'ai repris juste assez de force pour réussir à évaluer la direction à prendre et je tente de m'y tenir en avançant la nuit et en me cachant le jour. Je ne sais pas comment je tiens. Je ne pense plus, je n'ai plus la force. J'avance mécaniquement, machinalement, traînant la jambe, m'appuyant sur un bâton que j'ai trouvé, assez solide et assez droit pour m'en faire une béquille de fortune. Je ne sais pas pourquoi il n'y a pas d'ennemis sur mon chemin et c'est la dernière des mes préoccupations. Avancer, encore. Toutes mes forces sont réquisitionnées dans ce simple but.

    La lumière. Douce, comme une caresse. Elle n'agresse pas mon regard. Je vois une paroi violette d'où semble émaner la lumière. Je fini par me rendre compte que c'est le plafond d'une pièce. Je suis couchée sur un lit, je sens l'épaisseur de tissu dans mon dos. J'essaie d'ouvrir les deux yeux, mais le droit s'y refuse. Je lève une main à ma tête et je vois qu'elle est bandée ; la main, et la tête. Je la laisse retomber sur le matelas et tourne la tête vers la gauche. Tout ce que je vois, c'est une paroi semblable au plafond et un rideau d'un violet plus foncé que le reste qui doit cacher la porte. La pièce est petite et ne possède qu'un lit. Je retourne à la contemplation du plafond, pas longtemps car le rideau fini par s'ouvrir et une Draenei grande et maigre entre. En me voyant, elle pousse une exclamation et ressort aussitôt. Elle revient quelques instants après avec un de nos frères, pas très grand, massif, à l'air fatigué. Il porte une longue robe d'un blanc douteux et son regard s'éclaire tandis que je tourne la tête vers lui pour l'observer.
    « Par les Naaru, qu'ils soient remerciés, vous avez repris conscience ! Soyez rassurée, vous êtes en sécurité, à Tellar. Nos éclaireurs vous ont retrouvés loin en Nagrand, pas loin des pistes du marécage. Vous revenez de loin, ma soeur ! »
    Il semblait content. J'ai tenté de lui sourire pour lui faire plaisir. Ca m'a arraché une grimace de douleur. Il a donné quelques ordres médicaux en me laissant aux bons soins de ses assistantes. Telaar. Le refuge de Velen. J'étais réellement sauvée.

    J'ai mis du temps à m'en remettre et encore, pas complètement. J'ai perdu la vue de l'oeil droit, ma jambe me fait régulièrement souffrir et je fais des efforts pour ne pas boiter. Je dois enduire mes brûlure pour nourrir la peau morte. Je ne peux plus me battre ni faire d'efforts physiques intenses. Mais je suis vivante. VIVANTE.

      La date/heure actuelle est Dim 28 Avr 2024 - 9:04