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    Les Sombres Chroniques

    Fenzel
    Fenzel


    Messages : 7
    Date d'inscription : 18/12/2011
    Humeur : Dans un rêve permanent

    Les Sombres Chroniques  Empty Les Sombres Chroniques

    Message par Fenzel Dim 1 Jan 2012 - 16:18

    Les Sombres Chroniques

    Genre: Aventure / Romance / Horreur
    Type: Histoire de personnage (Warcraft)
    Âge minimum recommandé: 16+
    Résumé:
    Fenzel est un elfe de sang qui revient tout juste du royaume des morts. Il ne possède qu'un contrôle réduit de ses capacités, et ses souvenirs lui sont inaccessibles. Mais alors qu'il reprend connaissance, il fait la connaissance d'une réprouvée qui semble le haïr. Cette dernière le poursuit afin de lui faire subir les pires atrocités, tandis que Fenzel cherche à retrouver les fragments de son identité qui, il en est sûr, l'aideront à mieux comprendre la furie qui anime son assaillante.


    Chapitre 1 : Retrouvailles

    Il faisait sombre, et atrocement tiède. Je ne devais pas être dans une grande salle, peut-être était-ce un étroit salon. Ma vision restait troublée quoique je fasse, bien que plusieurs minutes s'étaient écoulées depuis mon réveil. Mes yeux... je ne les sentais plus. J'avais perdu la sensation de mort qui fut autrefois ma grâce, mon tourment et mon identité. Bien au contraire, à présent je pouvais ressentir les pulsions que mon cœur effectuait. Ah, quelle impression étrange lorsque je fis remuer ma main : ligaments, tendons, muscles, et chair... Un calvaire quand tous s'activèrent ! Ils s'étirèrent, puis se rétractèrent, pour de nouveau s'allonger jusqu'à être tendus à leur limite. Me voilà de nouveau prisonnier de mes chaînes organiques on dirait... Je savais les alentours bien réels, en tant que réprouvé je n'avais pas le luxe de rêver. Ou du moins, je ne l'avais pas eu auparavant... Mais alors, si je suis redevenu vivant, qu'en est-il de ce qui se trame autour de moi ? N'est-ce qu'un songe pour lequel mon regard s'est perdu ? Des bruits... oui, des bruits ! Je les entendais grouillant tout autour de moi. Ils venaient vers moi. J'entendais des voix parler une langue dont je n'avais pas connaissance, entremêlées à de petits cris et au tumulte de pas de ces inconnus. Soudain, une pensée me vint sans que je ne l'eusse souhaitée : si vivant j'étais, alors ces étrangers seraient à même de... de me tuer ? Ce dernier mot avait envahi mon esprit. Dès lors, je ne songeais plus qu'à lui... et seul dans le flou je me lamentais en silence.

    Les sonorités de godasses sur la terre cessèrent, ainsi que les cliquetis métalliques qui les accompagnaient. De mes yeux malades je n'apercevais que des ombres, des silhouettes difformes qui m'encerclaient, deux lueurs jaunes brillant pour chacune d'elles. Ils restèrent plusieurs instants, immobiles, sans doute occupés à me fixer. Certains murmuraient encore. Ces échanges me troublèrent ; il me semblait qu'ils étaient apeurés. Mais pourquoi auraient-ils peur ? Je suis seul et à moitié aveugle. Qu'aurais-je donc pu tenter pour me défendre, si ce n'est des gestes désorganisés, des gestes d'une bête seule et à la merci de tous ? Il y eut un bref silence, puis je sentis leurs doigts froids et longs s'enrouler autour de mes bras et de mes jambes. Ils me soulevèrent du sol, et commencèrent à marcher lentement...

    Plusieurs minutes passèrent pendant lesquelles mes ravisseurs restèrent silencieux. Le vent souffla sur ma chair, étions-nous dehors ? Alors, je voyais le ciel... à moins que ce n'était les feuillages sombres et denses des arbres qui recouvraient de noir l'horizon. Le convoi s'arrêta, et me relâcha soudain. Je ne tombai pas de très haut, et pourtant la chute occasionna quelques douleurs que je n'aurais su expliquer en tant que réprouvé . Une forme se posta au-dessus de moi. Sa main recouvrit mon visage et un cri strident déchira mes tympans.
    «Fenzel ! Que contempler ta véritable nature m'est insupportable ! Aie vision de moi traître ! Aie vision de la femme que tu as jadis baisée ! Vois, je ne survis que pour me rassasier de ta peine ! Admire celle que tu as rejetée par lâcheté et pleure pour tes crimes ! »
    Une vive lumière s'échappa de la paume de sa main et me rendit la vue. La femme était penchée vers moi, je ne voyais que sa figure inhumaine parsemée de cicatrices, ses yeux remplis de haine et d'envie et ses lèvres raccommodées qui me souriaient avec insanité.
    « Je n'ai jamais pu oublier ce visage. Il restait ancré dans ma mémoire tandis que le souvenir du mien s'évaporait jour après jour. Je fus belle dans tes yeux, c'est tout ce qui comptait à cette époque. Dorénavant, ces yeux qui me transpercent ne sont que mépris, répulsion et damnation ! Pourquoi m'avoir abandonnée ?
    -Je... »
    Elle me gifla. Ses griffes lacérèrent ma joue et, une fois encore, je fus saisi par une douleur que je trouvai inhabituelle.
    « Les insectes ne parlent pas ! Je déteste les elfes de sang ! Je déteste les vivants, je les déteste tous ! Chacun de leur souffle est un parjure à notre nature, à la mienne ! Ainsi je ne te fais plus envie ? Tu en es bien certain ?! »
    À peine j'eus ouvert la bouche pour donner réponse que ses doigts entrèrent entre mes lèvres. Une intense souffrance me déstabilisa complètement. C'était comme si de fins crochets griffaient mon palais, tandis que l'un d'entre eux avait continué jusque dans ma gorge et m'étouffait. Ma vision était redevenue trouble ; un liquide transparent glissa le long de mon visage, son écoulement allant croissant avec la force de la torture. Je manquai de souffle, et voulus saisir son bras pour le dégager, mais mes membres étaient comme paralysés par une émotion que je ne contrôlais pas.
    « C'est cela, les insectes ne parlent pas ! »

    Elle se retira. Ma langue se noyait dans le sang tandis que je reprenais mes esprits. Je me fis le plus silencieux possible, de peur d'un autre châtiment corporel, et écouta.
    « Comme tu dois être pressé de découvrir toutes ces nouvelles sensations que tu peux de nouveau ressentir ! Sens-tu cette peur ? Éprouves-tu cette douleur ? Connais-tu l'attirance et le plaisir que procurent ces dernières ? Non ?! Alors, laisses-toi enseigner ! Ainsi tu me resteras fidèle à jamais ! »
    Je ne sus si ma vision me joua un nouveau tour lorsque la femme s'évapora devant moi. J’attendis un peu et, une fois que le calme paraissait s'être installé pour de bon, recrachai le sang sur le sol et séchai mes yeux humides. Cependant, cette paix ne fut qu'un sursis : car alors que je venais à peine de me remettre de mes émotions, un nouvel assaillant sortit de la forêt et s'avança dans ma direction. Lentement il marchait, sifflotant un air calme que la faible brise du vent transportait. Une musique que le chasseur aurait pu chantonner à l'approche de son gibier qu'il sait inoffensif...


    Dernière édition par Fenzel le Dim 1 Jan 2012 - 20:07, édité 1 fois
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    Les Sombres Chroniques  Empty Re: Les Sombres Chroniques

    Message par Fenzel Dim 1 Jan 2012 - 18:11

    Chapitre 2 : Les Échos de la Nuit


    Cette femme... Cette morte-vivante... L'avais-je déjà croisée par le passé ? Je ne me souvenais plus de rien, pas plus de la journée d'hier que des années l'ayant précédée... Que me voulait-elle au juste ? Que lui avais-je fait pour mériter une telle punition ? Qu'étais-je, seulement ? Il m'avait semblé reconnaître ses rires stridents pour lesquels, probablement un jour, j'avais éprouvé cette même angoisse démente. Sinon la terreur de son visage ne m'aurait pas tant pétrifié... Mais pour l'instant, je devais me concentrer sur ce qui allait se passer : ma vue était guérie et mes jambes ne menaçaient plus de céder. Je me trouvais dans un bois, du moins une clairière, où le ciel était sombre et la brume épaisse. Je ne parvenais pas à discerner le contour des arbres, tout restait si inexact... Et ce chant flottant dans les airs... cet être qui marchait à ma rencontre... Je tentai de comprendre mais rien ne me vint...

    Il était mort-vivant, tout comme la femme, et portait une chemise et un pantalon en cuir sombre. Les déchirures des vêtements dévoilaient par endroits les os saillants de l'homme, parfois juste un lambeau de chair qui restait accroché au bout d'un nerf que la pourriture n'avait su rompre. Les deux lueurs jaunes de ses orbites me fixaient, tandis qu'il s'approchait de moi. Entre ses doigts décharnés se tenait un petit couteau de trappeur, qu'il agitait fièrement devant lui. Il s'arrêta à quelques mètres de moi, son regard alternant entre la lame et moi. Il m'adressa un sourire sadique, avant de prononcer, presque sur un ton de prière, les mots suivant : « C'est pour la castration ! »
    Mon visage prit une expression horrifiée, et le sien n'en fut que plus ravi. Il se jeta soudain sur moi. Je trouvai cette fois-ci la force de me débattre, et je l'utilisa contre ce cadavre qui n'avait l'air d'être qu'un simple chasseur, pas un combattant. Voyant que l'accomplissement de sa mission devenait incertain, il pressa son couteau sous ma gorge dans l'espoir que je n'oppose plus aucune résistance. Je ne bougeai plus. Ces quelques secondes d'immobilité lui avaient redonné confiance en sa supériorité et son regard s'abaissa. D'un mouvement brusque je le fis basculer, m'emparant de l'arme pour la lancer aussi loin que je le pouvais. Il hurla de rage tandis que je me relevai, et commençai à détaler à toute vitesse. Je ne sus s'il me pourchassait, alors je courus le plus longtemps possible, autant que ma condition me le permettait. J'atteignis finalement un petit village peuplé de morts-vivants ainsi que, à ma plus grande joie, d'elfes de sang.

    À mon arrivée, tous me regardaient. Certains me fixaient expressément, d'autres détournaient les yeux lorsque je fus près d'eux. Le visage ensanglanté et les poumons en feu, je traînai les pieds sur le sol. Parmi la foule, seule une elfe m'avait rejoint, soutenant ma marche de toutes ses forces. Elle m'emmena à l'intérieur de l'auberge aux allures elfiques, mais dont les courants d'airs parcourant celle-ci la maintenaient à une température très basse. L'elfe m'installa sur un drap usé et alla chercher une flasque d'eau grâce à laquelle je pus m'abreuver. Puis, elle déchira un bout de tissu d'une des étoffes suspendues aux murs, le trempa légèrement et le passa sur mon visage. Les blessures aux joues la firent grimacer. Elle pansa mes plaies et me tendit une petite fiole remplie d'un liquide bleuâtre.
    « Cela vous guérira », dit-elle sereinement.
    Je regardai le goulot du récipient s'approcher de mes lèvres avec la crainte d'un poison. Les yeux de l'elfe étaient posés sur moi, et me fixaient avec une douceur que je n'aurais cru possible. Sans plus réfléchir, j'avalai le contenu d'une traite.
    « Vous devriez vous reposer à présent », me murmura-t-elle à l'oreille avant de se relever.
    Avec lenteur elle s'éloigna, se dirigeant vers la sortie. Mais avant de quitter la petite auberge, elle se retourna une dernière fois dans ma direction. Ses deux pupilles avaient laissé place à un blanc anormal, et étaient encerclées par deux globes d'une pâle couleur jaune : la même lueur qui vacillait aux confins des orbites de la morte-vivante. L'instant d'après elle disparut. Mes paupières se firent de plus en plus pesantes, malgré que je n'eusse pas souhaité m'endormir, jusqu'à recouvrir entièrement mes yeux et nimber ma vision de ténèbres...
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    Les Sombres Chroniques  Empty Re: Les Sombres Chroniques

    Message par Fenzel Sam 7 Jan 2012 - 21:25

    Chapitre 3 : Retour à Lune d'Argent


    Je me réveillai et balayai du regard la salle. L'auberge était vide. J'étais seul. Personne autour... Je me relevai rapidement et sortit. Dehors, le petit village avait été déserté. Pas une âme n'y errait, si ce n'était la mienne. Pas une brise, pas plus qu'un parfum ne planait dans l'air. Quant aux rations de nourriture, elles étaient encore-là, ainsi que l'eau fraîchement puisée et les armes, propres et impeccables. Seule l'obscurité du ciel ne semblait daigner se retirer. Désespérément seul et ne sachant en quel endroit je résidais, je me mis à chercher une présence que je ne trouverai pas. Les soupirs passèrent.. Lorsque j'eus achevée l'inspection des bâtisses, je regagnai le centre du village et m'assis sur un petit piédestal en pierre. Deux statues d'elfes trônaient devant moi, la posture joyeuse et le visage radieux. Il me semblait les reconnaître malgré mon esprit brouillé. Je ressentis une sensation étrange lorsque je fixai ces deux paires d'yeux, semblables à première vue mais qui, une fois que je les eus observées attentivement, paraissaient peu à peu se détourner de leurs positions initiales. Leur regard vint croiser le mien. Soudain, la pierre grise qui formait ces globes se dématérialisa afin qu'apparaissent, à ces mêmes emplacements, autant de lueurs jaunes qui vacillaient en leur centre. Encore ce regard dont la douceur mêlée à la haine me transperça. Toujours ce sourire renfermant une ancienne plaie que ma mémoire ne parvenait plus à se rappeler. De ce souvenir anonyme un malaise profond pesa sur mes épaules, étreignit chacune de mes vertèbres et révoqua mes souffles au néant : un arôme mortifère parcourait mes veines, les emplissant de vide et de poussière. Ma voix se perdit : je mourais. Mon corps se mit à tressaillir rapidement. Puis mes membres s'articulèrent d'eux-mêmes en des gestes désorganisés et insensés.

    En un battement de paupières je me retrouvai soudainement projeté ailleurs. Une bouffée de lumière m'aveugla, tandis que je sentais toujours une pression sur mon épaule, secouant cette dernière de façon brusque.
    « Allez ! S'écria une voix brutale qui m'était inconnue. Lèves-toi fainéant, j'ai pas été payé pour t'attendre !
    Je levai les yeux vers le mort-vivant. Il était vêtu d'une tenue semblable à celle des cochers. Il me regardait avec fureur, et continuait à me remuer sans aucune délicatesse.
    « Allez allez ! Insista-t-il. Debout où je pars sans toi ! »
    Puis il quitta l'auberge. Sans plus réfléchir à la situation je le suivis à l'extérieur. Un petit transport aux allures fantomatiques et tiré par des ossements de chevaux s'était arrêté juste devant l'entrée. Le réprouvé avait grimpé sur le dos de l'animal de tête, et me fit signe de monter à bord. Je l'écoutai, sans laisser échapper la moindre interrogation sur sa présence, ou sur notre destination. Nous dévalâmes par un large sentier parsemé d'os et de chairs en décomposition, jusqu'à atteindre un lieu en lequel la brise se faisait plus fraîche et recouvert d'un ciel démontrant en chaque reflet sa splendeur inaccessible. L'herbe était redevenue verte, les animaux paraissaient éloignés de toute maladie, et l'air s'emplissait des senteurs fruitées des arbres alentours. Le pas des chevaux s'estompèrent soudain. Nous étions immobiles, arrêtés au milieu d'une grande voie d'accès à une muraille aux couleurs rouges et dorées.
    « Descend ! » m'ordonna le réprouvé sur un ton sévère.
    Une fois encore, je m’exécutai à la tâche et quittai le véhicule. À peine j'eus posé le pied à terre que j'entendis le claquement des fouets sur l'échine du destrier. Ainsi nous avions atteint notre objectif, était-ce cette cité ? Tellement de questions flottaient dans mon esprit que, lorsque je vis les murs s'étendre devant moi, la décision s'imposa d'elle-même : je devais passer les portes, sans doute je pourrais trouver à l'intérieur de la ville des indications sur mon identité...

    À ma grande stupéfaction, les artères principales de la cité ne voyaient guère déambuler la moindre âme. Tout y était si désert à l'heure du midi que je crus m'être égaré par mégarde. Ce n'est que lorsque quelques bruits parvinrent à mes oreilles que je sus me guider, porté par les plaintes et les rires. J'étais arrivé dans une auberge, plus spacieuse et bruyante que l'était celle où j'avais passé la nuit. Quelques inconnus se reposaient sur les coussins éparpillés dans tout le lieu, tandis que d'autres buvaient sur l'unique table, large et longue, en parlant fort et avec maladresse. Quand au comptoir il était vide et seule une femme, probablement l'aubergiste, y siégeait encore. Nos regards se croisèrent et, instinctivement, mes pas se mirent à avancer dans sa direction...
    « Bonjour monsieur ! Me lança-t-elle en arborant un sourire inquiet à la vue de ma démarche. Que puis-je vous servir ? »
    Je ne répondis rien. Mes yeux se déportèrent d'eux-mêmes, descendant progressivement de son visage jusqu'au haut de son chemisier, dont l'ouverture ample laissait visible la partie supérieure de son torse. La femme remarqua le trouble et rattacha d'un geste vif les derniers boutons de son habit.
    « Monsieur ? Me demanda-t-elle, gênée. Est-ce que tout va bien ? »
    Mais mon regard s'était perdu. Il vagabondait, suivant les courbes de son corps avec avidité. Je n'eus pas tout de suite remarqué que mes lèvres s'étaient étirées, assez pour que la femme eusse vision des tréfonds de ma gorge. Soudain je sentis que des doigts larges et robustes s'étaient posés sur mon épaule, et la tenaient avec fermeté.
    « Hey p'tit gars ! S'exclama brutalement un orc qui s'était levé de sa chaise afin de nous rejoindre, l'haleine empestant l'alcool et la viande cuite. Qu'est-ce tu veux à la d'moiselle ?
    -Ce n'est rien, assura l'aubergiste. Ce monsieur doit s'être perdu !
    -Il s'est perdu là où il ne fallait pas qu'il se perde ! J'vais l'aider à retrouver la sortie, moi j'vous l'dis !
    -Ne lui faites pas de mal ! »
    La poigne de l'orc se retira de mon épaule avant d'agripper mon bras. Il me traîna ainsi à l'extérieur de l'auberge. La femme, ne sachant que faire, nous suivit tout en priant l'ivrogne de me laisser partir, mais celui-ci ne l'écoutait pas.

    Une fois dehors, il me lâcha avec force sur le sol.
    « Alors p'tit, reprit-il, tu crois qu'tu peux t'permettre d'avoir des regards aussi baladeurs ici ? Tu veux t'battre c'est ça ?! »
    Pendant que je fixai le sol, abasourdi, il se mit à me frapper sans que j'en sache la raison exacte.
    « Mais vous êtes ivre ! » S'écria la femme afin de faire prendre conscience à l'orc de son acte, ce qui resta néanmoins sans effet.
    L'orc me frappa à nouveau, au visage cette fois-ci. Le choc me provoqua une douleur aux lèvres ; le sang s'en écoulait abondement.
    « Ça suffit ! S'indigna l'elfe, toujours immobile.
    -Encore un dernier alors ! »
    L'ivrogne prit de l'élan, mais je ne me souciais plus de lui. Mes doigts glissaient sur mes lèvres, et lorsque je les retirai mes mains étaient rouges. Mes sens s'affolèrent. Ma vision se troubla. Mes membres tremblèrent avec effroi, tandis que je repensais au cauchemar de la veille. Le cour de ma respiration se rompit en saccades. Je ressentis la même puissance presser ma poitrine, me vidant peu à peu de ma vitalité. Puis vinrent les mots, qui s'empressèrent de sortir sans que j'en eus le contrôle :
    « Je ne veux pas mourir... Aidez-moi, je vous en prie. Je ne veux pas mourir ! »
    Avec surprise, je ne reçus pas l'instant d'après une nouvelle frappe de l'orc. Celui-ci s'était arrêté, les poings encore levés au-dessus de sa tête, sans comprendre. Je crus qu'il ne m'attaquerait pas, mais l'ivresse dont il était victime le domina et son assaut reprit. Je me retournai vers lui, le visage glacé par la terreur, tout en tendant la main pour me protéger. Il commença à me charger, mais avant qu'il ait pu m'atteindre un flot de flammes s'échappa de ma paume. Durant un instant, je ne vis plus rien hormis un flash de lumière. Puis la chaleur se dissipa dans tout l'avant-bras, et j'aperçus l'orc se débattant au sein d'un brasier. Lorsque le feu eut fini de brûler, l'orc était tombé à terre, inerte. Je regardai le cadavre en laissant échapper un soupir de soulagement : finalement, ce fut lui, et non moi, que la mort était venue faucher. Je pouvais vivre à présent, vivre de nouveau sans craindre de périr. J'avais acquis un pouvoir que je n'aurai cru possible, et il sera le garant de ma survie face aux dangers. Pour la première fois depuis mon réveil originel, je vivais, et la vue du mort m'amusa tellement qu'une intense euphorie me submergea. La femme ne comprit pas la raison de mes rires, par peur elle s'enfuit.

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